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Passer au virtuel en temps de crise

Par Rashaad Bhyat

En février dernier, l’Association médicale canadienne a publié, en collaboration avec le Collège des médecins de famille du Canada et le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, le rapport du Groupe de travail sur les soins virtuels intitulé « Soins virtuels : recommandations pour la création d’un cadre pancanadien ». Avec la publication de ce rapport, je me suis dit que l’année 2020 marquerait un tournant décisif pour les soins virtuels au pays, particulièrement pour ma spécialité, la médecine familiale.

Passer au virtuel en temps de crise

L’évolution rapide de la technologie au cours de la dernière décennie a transformé de fond en comble les industries du Canada et du monde entier. Même si le secteur de la santé a été plus lent à changer, ses activités ont entamé un virage vers la santé numérique. Par exemple, selon l’Enquête 2019 du Fonds du Commonwealth sur les soins primaires, le DME est utilisé par 86 % des médecins de famille au pays, jetant les fondements nécessaires à l’adoption d’autres innovations numériques. Même si le Canada tire encore de l’arrière par rapport à d’autres pays semblables, la prestation de soins virtuels y augmente, et des services innovateurs y sont sans cesse mis en place par les secteurs public et privé.

Février semble maintenant si loin! Avril est arrivé, et la pandémie de COVID-19 pose maintenant un défi sans précédent aux réseaux de la santé de toute la planète. Les professionnels de la santé de première ligne travaillent jour et nuit pour préserver la sécurité de la population, ce dont je ne saurais jamais assez les remercier. Bien des médecins canadiens comme moi, qui travaillent dans des cliniques de soins de première ligne, ont dû réorganiser en toute hâte leur clinique de façon à y privilégier les soins virtuels. Nous tentons de maintenir les principaux services de soins primaires pour nos patients, tout en nous efforçant de soulager un tant soit peu les services d’urgence de leur fardeau.

En à peine une semaine et demie, les cliniques de la province où j’habite, l’Ontario, ont transformé leurs services de façon à les offrir presque tous en mode virtuel (c'est-à-dire par vidéo ou au téléphone). La même chose se passe partout au pays. Grâce à l’effort coordonné de multiples groupes, dont des associations médicales, des gouvernements, des organisations de santé numérique, des fournisseurs de technologie et d’autres encore, on a pu rapidement abattre les barrières administratives qui nous empêchaient jusque-là d’utiliser des outils numériques pour communiquer avec les patients.

Pour que ce genre de revirement puisse produire les effets escomptés, il faut modifier en profondeur le déroulement du travail clinique, ce qui exige une solide autorité de la part des dirigeants cliniques compte tenu de l’urgence de la situation. J’ai eu la chance d’être très bien servi sur ce point par la directrice médicale de mon groupe clinique et son équipe.

La technologie permettant les visites virtuelles, ou téléconsultations, est relativement simple. En revanche, la gestion des changements logistiques nécessaires à son implantation pose un sérieux défi. Ajoutez-y une crise de santé publique aux proportions gigantesques, et vous comprendrez que même les cliniques les mieux organisées peinent à y arriver.

Pour aider à atténuer un tant soit peu les difficultés du passage au virtuel, j’ai dressé une liste de ressources susceptibles de donner aux médecins canadiens un aperçu des soins virtuels et, plus important encore, d’outils qui permettent une implantation rapide des télésoins en cabinet. Je souligne que cette liste est incomplète et j’invite mes collègues à l’augmenter, à la modifier s’il le faut et à la partager. On y trouvera des liens utiles, par exemple ceux qui mènent vers les récents webinaires sur les soins virtuels d’OntarioMD.

Enfin, si vous êtes un médecin canadien intéressé à obtenir des conseils sur les soins virtuels, j’aimerais vous inviter à vous joindre à un groupe sur Facebook, qui est un groupe de soutien des pairs en soins virtuels destiné aux médecins et qui a récemment été créé par une médecin de famille, la Dre Cassie Millar et des collègues de Calgary.

Nous sommes tous concernés par la situation. Les technologies de soins virtuels forment une petite mais très utile composante de l’arsenal numérique dont dispose le médecin d’aujourd’hui et peuvent nous aider à aplanir la courbe en ces temps de crise. Prenez soin de vous, tout le monde.


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À propos de l'auteur
Rashaad Bhyat

Rashaad Bhyat

Le Dr Rashaad Bhyat est responsable de l'engagement des cliniciens chez Inforoute Santé du Canada. Médecin de famille et grand adepte de la santé numérique, il conseille Inforoute depuis 2011 sur des sujets tels que les soins virtuels, l'adoption et l'optimisation du DME, l'ordonnance électronique, la télésurveillance des patients et l'accès des patients à leurs dossiers médicaux. Il exerce actuellement dans une clinique de médecine familiale dotée d'un DME dans la région du Grand Toronto.