Virtuel c. virus

Par Katie Bryski

Il y a maintenant neuf semaines que je suis confinée à domicile. Durant ce temps, nous avons tous pu observer la croissance phénoménale des soins virtuels partout au pays. À un moment où notre réseau de la santé fait face à des défis sans précédent, les soins virtuels révèlent leur immense utilité.

Virtuel c. virus

Récemment, j’ai assisté à un webinaire présenté par l’Institut C.D. Howe. Intitulé Virtual Beats Viral: Lessons Learned on Digital Health and COVID-19 (Virtuel c. Virus : Les leçons de la pandémie de COVID-19 pour la santé numérique), il réunissait trois experts qui discutaient de la mesure dans laquelle l’efficacité des soins virtuels pouvait être mise à contribution pour renforcer le réseau de la santé et faciliter l’accès des patients aux soins et la continuité de ceux-ci. Tout au long de la discussion, j’ai pu me rendre compte à quel point cette forme de soins peut aider le réseau de la santé à traverser la pandémie, et ce, de trois façons.

Réduction de la propagation

D’abord et avant tout, les soins virtuels réduisent la transmission de la COVID-19. S’il est impossible de l’éliminer, il faut en ralentir la transmission si l’on veut éviter de surcharger le réseau de la santé et se donner le temps voulu pour mettre au point des traitements efficaces et/ou un vaccin. Pour se conformer aux mesures de distanciation physique, de nombreux médecins ont restreint l’accès physique des patients à leur cabinet.

Heureusement, les virus ne peuvent se transmettre par téléphone ni par des écrans. Avant la pandémie actuelle, seulement 10 % des consultations en santé étaient faites par des moyens virtuels; ce chiffre est passé à 60 %. Tandis que les Canadiens sont confinés à la maison, les soins virtuels comblent une importante lacune au chapitre de l’accès. L’un des participants au webinaire, le Dr Edward Brown (chef de la direction de Santé Ontario), estime que près de 14 000 consultations par vidéo ont lieu chaque jour sur le Réseau OTN seulement — et cela ne représente qu’une fraction de celles qui se déroulent partout dans la province.

Continuité des soins : COVID-19 et maladies chroniques

Une fois qu’ils quittent l’hôpital pour se placer en isolement, les patients atteints de la COVID-19 continuent d’être suivis. Le Dr Philip Lam (chef des soins virtuels au Centre des sciences de la santé Sunnybrook) signale que les rencontres personnalisées permises par les visites électroniques réduisent l’anxiété des patients. Outre celle des discussions au téléphone et par vidéo, il souligne l’importance des appareils de surveillance. Par exemple, en procurant aux patients des appareils de mesure de leur saturation en oxygène, on leur permet d’exercer à la maison une surveillance de leurs taux d’oxygène. Les patients peuvent aussi utiliser des outils de soins virtuels pour suivre et gérer des maladies chroniques comme le diabète, la maladie pulmonaire obstructive chronique et l’insuffisance cardiaque congestive.

En mettant la technologie à profit, les patients peuvent combler des lacunes au chapitre des soins. Non seulement cette possibilité leur permet-elle d’améliorer les résultats des interventions en santé, mais elle empêche le réseau de la santé de subir des contraintes trop lourdes en évitant que les problèmes de santé ne s’aggravent faute d’un accès adéquat aux traitements.

Soutien en santé mentale

Même dans des circonstances idéales, s’isoler n’est pas facile. En périodes difficiles, c’est encore pire, et la COVID-19 pourrait bien déboucher sur une pandémie secondaire de dépressions, d’anxiété et d’autres problèmes de santé mentale.

Le soutien des pairs, les thérapies et le counseling offerts sur Internet sont autant de solutions accessibles au moyen d’applis, de discussions au téléphone ou sur vidéo, ainsi que de plateformes en ligne. Comme le fait remarquer Michael Green, président et chef de la direction d’Inforoute Santé du Canada, ces solutions permettent de diffuser de l’information digne de foi et de sensibiliser le public aux problèmes de santé mentale, en plus de donner aux personnes qui en ont besoin un accès à un soutien confidentiel. Chaque année, un Canadien sur cinq éprouve des problèmes de santé mentale. Comme pour les problèmes d’ordre physique, les outils virtuels aident les personnes qui ont besoin de soins à y accéder. Dans le contexte de la COVID-19, il est tout aussi important de veiller à ce que les travailleurs en première ligne aient un accès sûr et sécurisé à un soutien en santé mentale, surtout pendant que la pandémie fait rage.

Pour nous protéger les uns les autres et préserver notre réseau de la santé, nous devons maintenir une distance entre nous. C’est là l’un des aspects particulièrement cruels de la COVID-19. Mais les solutions de soins virtuels permettent de maintenir les soins routiniers partout au pays et d’intervenir auprès de personnes qui devraient autrement se débrouiller seules. Chaque jour, les soins virtuels nous permettent de faire face au virus… jusqu’à ce qu’il soit terrassé!


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À propos de l'auteur
Katie Bryski

Katie Bryski

Katie Bryski est administratrice de contenu chez Inforoute Santé du Canada. Possédant près de 10 années d'expérience en baladodiffusion, elle produit également le balado d'Inforoute, l'Info-Balado sur la santé numérique. Elle s’intéresse tout particulièrement aux liens qui existent entre la santé numérique et l’intersectionnalité.