Crise des opioïdes : pas de solution miracle, mais notre réseau de la santé peut agir

Par Tanya Achilles

En 2016 uniquement, les opioïdes ont été à l’origine de presque un décès sur 13 au pays. Malgré toute l’attention suscitée par cette crise dans les grands médias et les efforts déployés par les nombreuses instances de la santé et de l’application de la loi, rien n’a pu infléchir la courbe des décès qui y sont associés chaque année.

S’il est vrai que la disponibilité d’opioïdes illicites (et en particulier, de fentanyl) est un facteur important de la crise, une récente étude révèle que les opioïdes d’ordonnance continuent d’y jouer un rôle substantiel. En effet, pour chaque tranche de 100 Canadiens, il y a chaque année quelque 53 ordonnances de ces substances qui sont exécutées, ce qui place notre pays au deuxième rang mondial pour la proportion d’habitants qui en consomment. Si on a pu observer une diminution de la quantité d’opioïdes remise sur ordonnance entre 2012 et 2016, il reste que le nombre d’ordonnances a, lui, augmenté et que les opioïdes alors prescrits étaient plus forts, ce qui est très préoccupant.

Ce problème a placé les professionnels de la santé dans une situation délicate puisqu’il est très difficile de faire l’équilibre entre la nécessité d’offrir un traitement aux gens qui souffrent et, en même temps, de réduire au minimum les risques associés à la prescription d’opioïdes. Il n’y a pas de solution miracle, mais il est possible de mieux aider les professionnels de la santé tout en réduisant les risques pour les patients.

On peut commencer, par exemple, par moderniser le mode de transmission des ordonnances entre les prescripteurs et les pharmacies. PrescripTIonMC est un service national d’ordonnances électroniques qui permettra de faire la transition entre le mode de prescription manuscrite, qui se fait sur papier et par télécopieur, et le mode tout électronique. En plus de transmettre une meilleure information là où les soins sont donnés, on pourra réduire les erreurs et l’usage frauduleux et inapproprié de ces médicaments.

L’un des grands avantages de l’ordonnance électronique est qu’il est plus facile pour les prescripteurs de rédiger des ordonnances pour une petite quantité d’opioïdes, sachant qu’ils peuvent les renouveler à distance si les patients en ont besoin. Voilà un atout important puisque, selon certaines études, bien des patients conservent des opioïdes inutilisés dans leur pharmacie après une opération (ce serait le cas de 67 % à 92 % d’entre eux). Et, malheureusement, ces restes de médicaments sont souvent volés et utilisés de façon inappropriée. Une étude réalisée en Ontario auprès d’élèves de la 7e à la 12e année a fait ressortir que 21 % des répondants admettaient avoir pris des opioïdes d’ordonnance sans raison médicale, et que 72 % de ces élèves les avaient trouvés à la maison.

La mise en place partout au pays d’un système d’ordonnances électroniques moderne permettra de transmettre les ordonnances d’opioïdes en toute sécurité. Ce service favorisera des soins concertés et centrés sur le patient, tout en permettant au prescripteur et au pharmacien de communiquer selon un mode sécurisé. Un pharmacien préoccupé par la posologie ou une association de médicaments en particulier pourra rapidement transmettre un message au clinicien prescripteur et prévenir de funestes conséquences. Le système permet aussi l’annulation électronique d’ordonnances devenues inutiles pour le patient.

Tandis que la crise des opioïdes continue de s’aggraver, on peut mettre en place une amélioration profitable aux Canadiens, en passant des solutions désuètes que sont les ordonnances manuscrites et télécopiées à une solution résolument tournée vers l’avenir : un service d’ordonnances électroniques moderne et sécurisé comme PrescripTIonMC.


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À propos de l'auteur
Tanya Achilles

Tanya Achilles

Tanya Achilles est directrice, Services des médicaments, PrescripTIonMD. À ce titre, elle dirige le développement et l’implantation du Répertoire canadien des médicaments qui appuie PrescripTIonMD, le service national d’ordonnances électroniques du Canada. Mme Achilles est titulaire d’un baccalauréat en pharmacie et d’une maîtrise en administration des affaires.