Agir pour réduire les dangers de la prescription d’opioïdes

Par Tanya Achilles

J’ai été honorée qu’on me demande en février dernier de diriger le travail concernant la stratégie d’utilisation de PrescripTIonMC dans la lutte contre les méfaits possibles des opioïdes. Le nombre de décès attribuables à une surdose d’opioïde ne cessant d’augmenter, le service PrescripTIonMC est appelé à jouer un rôle critique dans la résolution de ce problème. Lorsque j’étais pharmacienne, j’ai pu observer les bienfaits que procurent ces médicaments – et aussi les torts qu’ils peuvent causer. C’est pourquoi je pense qu’on doit prendre des mesures pour réduire les dangers inhérents à leur prescription.

J’ai sur mon ordinateur un dossier regroupant des reportages sur des patients qui ont perdu leur combat contre les effets des opioïdes d’ordonnance. Celui qui me revient constamment en tête concerne un adolescent de 16 ans de la Colombie-Britannique, à qui on avait prescrit des opioïdes en raison d’une blessure subie au soccer et qui s’est par la suite tourné vers les drogues illicites. « Les parents d’Elliott ont désespérément tenté de relancer le cœur de leur fils tandis qu’il gisait inerte sur son lit », peut-on y lire. Je n’ai pu m’empêcher de penser à mon fils de 7 ans, avec sa chevelure chocolat, ses grands yeux et sa passion pour le sport. Ça m’a rappelé qu’un tel drame peut nous arriver à tous.

Les chiffres publiés à propos de la crise des opioïdes au Canada sont éloquents :

  • Selon l’Agence de santé publique du Canada, il y a eu au pays 3 987 décès attribuables aux opioïdes en 2017 – deux fois plus que les décès résultant d’un accident de la route
  • Une étude parue récemment dans le Journal of Drug and Alcohol Dependence révèle que la plupart des patients décédés d’une surdose avaient reçu une ordonnance d’opioïde peu auparavant (73 % en Ontario, 56 % en Colombie-Britannique)

Mais mon expérience comme pharmacienne m’a appris qu’il y a bien des patients et des familles dont on ne raconte jamais l’histoire dans les journaux, mais qui n’en sont pas moins aux prises avec les problèmes qui résultent de l’utilisation d’opioïdes d’ordonnance.

J’ai la chance d’avoir pu recruter des personnes dévouées pour se joindre à moi et au Groupe de travail sur les opioïdes de PrescripTIonMC. Ensemble, nous rédigeons une série de recommandations au sujet des caractéristiques dont on pourrait doter PrescripTionMC* pour favoriser la prescription d’opioïdes selon des données probantes là où les soins sont donnés. Une fois ces recommandations appliquées, PrescripTIonMC pourrait, par exemple, aider les prescripteurs à déterminer facilement si les doses d’opioïdes prescrites à un patient dépassent celles qui sont établies dans les lignes directrices nationales ou si un patient s’en fait prescrire par de multiples médecins.

Tout au long de ce travail, nous allons collaborer avec des patients, des prescripteurs et d’autres intervenants pour veiller à ce que l’information présentée là où les soins sont offerts soit pertinente et propice à des soins centrés sur le patient.

Pour terminer, j’aimerais vous faire part d’une citation du Dr Vivek Murthy, ex-directeur du Service de santé publique des États-Unis, que j’ai lue au cours d’un récent symposium sur les opioïdes organisé par Santé Canada : « Si insurmontable que cette crise des opioïdes puisse paraître, nous pourrons la résoudre – à condition de nous rappeler que la compassion est notre arme la plus puissante. »

*PrescripTionMC est le seul service d’ordonnance électronique sans but lucratif au Canada.


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À propos de l'auteur
Tanya Achilles

Tanya Achilles

Tanya Achilles est directrice, Services des médicaments, PrescripTIonMD. À ce titre, elle dirige le développement et l’implantation du Répertoire canadien des médicaments qui appuie PrescripTIonMD, le service national d’ordonnances électroniques du Canada. Mme Achilles est titulaire d’un baccalauréat en pharmacie et d’une maîtrise en administration des affaires.