Sensibilisation et accès aux services numériques en santé mentale : un effort concerté

Par Lydia Sequeira

Comme en fait foi un sondage national qui révèle des taux constamment élevés de dépressions et d’anxiété au cours des dernières années, la santé mentale des Canadiens est de plus en plus préoccupante. Bien des gens pensent avoir besoin d’un soutien en santé mentale, mais n’y ont pas accès.

Sensibilisation et accès aux services numériques en santé mentale : un effort concerté

En raison des longs délais d’attente pour accéder à des soins spécialisés en santé mentale, du coût élevé de ces soins au privé et des barrières culturelles, des programmes et outils numériques en santé mentale éprouvés ont vu le jour un peu partout au pays afin que les Canadiens soient mieux informés du soutien qui s’offre à eux et qu’ils puissent y accéder plus facilement.

L’Espace Mieux-être Canada en est un exemple : ce service de santé mentale national propose toute une gamme de services : information et apprentissage, counseling et soutien communautaire. Il donne notamment accès aux ressources de Jeunesse, J'écoute, un autre service national qui offre du soutien en santé mentale aux jeunes. À une échelle plus locale, la Nouvelle-Écosse a par exemple créé un site Web consacré à la santé mentale et aux toxicomanies (MHAhelpNS.ca/fr). La collaboration entre une multitude d’organisations, dont Inforoute, est au cœur de ces ressources numériques en santé mentale accessibles gratuitement.

Le volet sur les services électroniques en santé mentale du Sondage canadien sur la santé numérique 2022 a révélé que 57 % des Canadiens aimeraient avoir accès à des outils technologiques pour soutenir leur santé mentale et leur bien-être, mais que seulement 13 % en ont utilisé. Le téléphone (42 %) et les sites Web (32 %) sont les méthodes les plus utilisées, et les répondants ont jugé l’expérience positive : 87 % ont trouvé le service facile à utiliser, et 84 % se sont dits satisfaits des soins reçus.

Nous sommes allés au fond des choses afin de comprendre quelles populations exactement utilisent les services numériques en santé mentale au Canada; nous avons découvert que les utilisateurs étaient plus susceptibles d’être très scolarisés, de ne pas vivre en région rurale, d’être bien familiarisés avec la santé numérique, de parler anglais à domicile et d’avoir régulièrement accès à un médecin de famille. Ces conclusions donnent à penser que la sensibilisation ou l’accès à des services numériques en santé mentale demeurent imparfaits et qu’il importe de surmonter ces obstacles – surtout dans les populations mal desservies – si l’on veut améliorer le soutien en santé mentale.

Chez Inforoute, nous avons aussi collaboré avec des chefs de file en santé mentale au Canada afin d’obtenir leur aide pour aplanir ces obstacles. Des travaux menés avec la collaboration de chercheurs du CAMH ont mené à la création de la Trousse d’outils pour l’adoption de la cybersanté mentale, une ressource visant à élargir les connaissances des personnes qui vivent ou ont vécu l’expérience, des cliniciens et des administrateurs en santé mentale. D’autres recherches ont porté sur les principaux facteurs de la création et de l’implantation d’outils numériques en santé mentale, dont la conceptualisation d’un consentement numérique valable et la compréhension du point de vue des patients concernant la confidentialité.

Pour mieux faire connaître les nombreuses applis en santé mentale offertes sur le marché canadien et en faciliter l’utilisation, Inforoute a collaboré avec la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), qui a récemment mis la dernière main au Cadre canadien pour l’évaluation des applications en santé mentale. Ce cadre a été créé dans la foulée d’une consultation et d’un examen publics réalisés auprès de 200  intervenants canadiens et étrangers de divers milieux. La CMSC souhaite transformer ce cadre en un moteur d’évaluation d’applis numériques en ligne. Sous sa direction, Inforoute donne aussi, par l’entremise d’un comité consultatif, des conseils sur l’établissement de la première stratégie nationale concernant les services numériques en santé mentale. Grâce aux progrès des technologies virtuelles et à leur intégration dans la prestation des soins et des services de santé mentale, cette initiative permettra de définir une orientation stratégique pour l’avenir des services numériques en santé mentale au Canada.

Vous pouvez vous renseigner sur les soins de santé mentale offerts au Canada et accéder à des ressources supplémentaires sur le site Web de la Semaine de la santé mentale. Vous aimeriez participer et exprimer votre point de vue sur l’importance du soutien en santé mentale? Téléchargez la Trousse à outils et utilisez le mot-clic #MonHistoire sur les médias sociaux.


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À propos de l'auteur
Lydia Sequeira

Lydia Sequeira

Chercheure en informatique de la santé mentale, Lydia Sequeira effectue un stage d’études postdoctorales sur l’évolution du réseau de la santé chez Inforoute Santé du Canada et au laboratoire de recherche en services numériques en santé mentale du CAMH grâce à une bourse des IRSC. Son travail porte essentiellement sur les possibilités qu’offre la technologie pour l’amélioration des soins et des services en santé mentale.