Aider les patients à acquérir une littératie en santé numérique

Par Rashaad Bhyat

« Distanciation physique », « cercles sociaux », « retraçage des contacts », « Patient 0 » : le moins qu’on puisse dire, c’est que nous avons dû au cours des derniers mois nous adapter à une foule de nouveaux termes et de nouveaux concepts pour demeurer en bonne santé. Pour bien des Canadiens, cette information est en grande partie nouvelle; la pandémie de COVID-19 fait donc ressortir avec acuité l’importance de la littératie en santé.

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Selon l’Agence de la santé publique du Canada, la littératie en santé désigne la façon dont les gens « obtiennent, comprennent, évaluent et communiquent » l’information médicale. Elle comprend une panoplie de compétences, depuis la lecture et l’écriture jusqu’à l’analyse critique, en passant par la numératie. Par exemple, un patient peut utiliser ses compétences en littératie en santé pour calculer l’apport en vitamines d’un produit alimentaire à l’aide de l’étiquette sur les valeurs nutritives, ou pour suivre les directives afin de prendre un médicament comme il se doit.

Mais la littératie en santé comporte aussi un aspect numérique. Comme une part plus grande de nos activités quotidiennes doit se faire en ligne, la capacité d’utiliser avec compétence les outils et services de santé numériques revêt une importance de plus en plus grande pour les patients comme pour les cliniciens. Qui plus est, outre l’éventail de nouveaux concepts en santé, la pandémie a donné naissance à une suite de nouveaux outils en santé numériques.

Prenons l’exemple d’un patient hypothétique et de sa nouvelle façon de transiger avec le réseau de la santé. Peut-être utilise-t-il, comme de nombreux Canadiens, son téléphone intelligent pour gérer de multiples aspects de sa vie, mais il est à présent beaucoup plus facile de prendre rendez-vous pour une consultation virtuelle sécurisée sur vidéo avec son médecin de famille à l’aide d’une appli. Si un médicament doit être prescrit, son médecin peut en expédier l’ordonnance par voie numérique directement à la pharmacie choisie par le patient, grâce à un service d’ordonnances électroniques comme PrescripTIonMD.

Il se peut aussi que notre patient hypothétique puisse faire suivre à la maison l’évolution d’une maladie chronique dont il est atteint, grâce à un appareil de télésurveillance des patients. Il peut aussi visualiser les résultats de ses analyses de laboratoire sur un portail-patients et communiquer avec les membres de son cercle de soins au moyen d’un système de messagerie sécurisée. Et tandis que notre patient accède à cet éventail d’outils et de modes de communication modernes, une nouvelle façon d’offrir les soins voit le jour, qui permet aux cliniciens de travailler avec leurs patients sans les obliger à sortir de leur domicile lorsqu’ils sont malades.

Comme nous avons pu l’observer tout au long de la pandémie, les soins virtuels occupent une place de plus en plus grande dans les interrelations des Canadiens avec le réseau de la santé. Comme les patients sont de plus en plus outillés pour s’occuper de leur santé, il est important de favoriser leur littératie en santé numérique. Plus on les aidera à accéder à ces nouveaux outils, à les comprendre et à les utiliser, plus ils pourront mettre à profit les avantages de la santé numérique.

Évidemment, ce soutien peut prendre diverses formes. Il peut s’agir d’une aide technique, comme du dépannage ou l’installation de nouveaux appareils, ou bien d’un guide destiné aux patients qui utilisent les soins virtuels pour une première fois. Il peut aussi s’agir de mesures pour s’assurer que les populations marginales et vulnérables ont accès, avec du soutien, à l’infrastructure de base des soins virtuels : une connexion Internet fiable et des appareils appropriés.

Il faudra assurément prévoir une éducation continue, à mesure que se multiplie le nombre de Canadiens qui utilisent les médias sociaux pour s’informer. Car même si on y retrouve une abondance de sources d’information sur la santé utiles, Internet donne malheureusement aussi accès à des sources où l’information est trompeuse, confuse ou carrément inexacte. Et même lorsque la source a une bonne réputation – comme les autorités de santé publique —, il importe de s’assurer que les messages ne sont pas mal interprétés, surtout au moment où l’on se prépare à une possible deuxième vague de la COVID-19. Veiller à ce que la population puisse utiliser son esprit critique pour analyser l’information sur la santé est un moyen important de privilégier sa santé et de l’aider à s’orienter dans un réseau de la santé complexe.

On peut parfois se sentir submergé par l’abondance de la nouvelle information, mais le savoir peut nous donner la confiance nécessaire pour faire le tri dans ce qui nous est proposé et nous occuper de notre santé personnelle. Avec une solide littératie en santé, les patients seront mieux préparés à travailler avec leurs cliniciens pour réaliser leurs objectifs en santé, durant la pandémie et par la suite.


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À propos de l'auteur
Rashaad Bhyat

Rashaad Bhyat

Le Dr Rashaad Bhyat est responsable de l'engagement des cliniciens chez Inforoute Santé du Canada. Médecin de famille et grand adepte de la santé numérique, il conseille Inforoute depuis 2011 sur des sujets tels que les soins virtuels, l'adoption et l'optimisation du DME, l'ordonnance électronique, la télésurveillance des patients et l'accès des patients à leurs dossiers médicaux. Il exerce actuellement dans une clinique de médecine familiale dotée d'un DME dans la région du Grand Toronto.