Hausse prometteuse de l’utilisation des technologies de soins virtuels par les infirmières canadiennes

Par Waldo Beauséjour

Les infirmières constituent la majeure partie des professionnels de la santé du Canada. Les données les plus récentes, tirées d’un rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) intitulé Le personnel infirmier au Canada, 2019, indiquent que l’effectif total du personnel infirmier réglementé au Canada avait augmenté de 1,9 % par rapport à 2018, soit plus rapidement que la population canadienne en général. C’est une excellence nouvelle, puisque les infirmières jouent un rôle crucial dans la prestation des soins aux patients. Qui dit main d’œuvre infirmière importante dit meilleurs soins de santé pour la population, surtout durant la crise sanitaire sans précédent que nous traversons en ce moment.

black female nurse using tablet

Qu’elles donnent des soins ou facilitent des interactions médicales, les infirmières travaillent principalement dans les hôpitaux, les maisons de soins infirmiers et les cabinets de médecins. Nombre de ces milieux se tournent graduellement vers des modes de prestation des soins plus modernes, qui misent sur les technologies de santé numériques. Il va sans dire que ce virage technologique transforme considérablement la pratique infirmière. Depuis 2014, Inforoute Santé du Canada (Inforoute), en collaboration avec l’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) et la Canadian Nursing Informatics Association (CNIA), cherche à mieux comprendre comment l’adoption des technologies numériques — surtout les systèmes de dossiers électroniques et les solutions de soins virtuels — fait évoluer la pratique infirmière dans les différents milieux de soins. À notre connaissance, il s’agit du seul sondage national à s’intéresser à l’utilisation des technologies par les membres de la profession infirmière.

En 2020, plus d’infirmières que jamais accèdent aux systèmes de dossiers électroniques : 27 % d’entre elles utilisent aujourd’hui un système de tenue de dossiers entièrement électronique, par rapport à 20 et 23 %, respectivement, en 2014 et 2017. De plus en plus, ces outils font partie intégrante de la pratique infirmière, comme l’indiquent les résultats du Sondage national des infirmières et infirmiers du Canada 2020. Puisque le recours aux dossiers électroniques contribue à améliorer la qualité et la continuité des soins, leur accessibilité est indissociable d’une prestation des soins moderne.

Aux États-Unis, le gouvernement fédéral offre des incitatifs financiers aux professionnels de la santé pour les encourager à adopter les dossiers électroniques, ce qui se traduit par une adoption massive dans le réseau américain de la santé. Au Canada toutefois, l’usage de systèmes hybrides et papier persiste, un obstacle certain dans le milieu des soins infirmiers.

Par ailleurs, la crise de la COVID-19 exerce énormément de pression sur la main-d’œuvre infirmière, qui est aux premières lignes de la lutte contre la pandémie. Comme la pandémie a entraîné une virtualisation rapide de la prestation des soins, il apparaît d’autant plus nécessaire d’évaluer si les infirmières possèdent les compétences technologiques requises pour s’adapter à une telle situation.

Les résultats du Sondage national des infirmières et infirmiers du Canada 2020 ne nous permettent pas de répondre directement à la question, mais ils nous donnent néanmoins une idée générale de l’ampleur de l’utilisation des technologies de soins virtuels par les infirmières. Et les chiffres sont prometteurs. Environ deux mois avant le début de la pandémie, presque le tiers des infirmières avaient déclaré avoir prodigué des soins par vidéoconférence (27 %) ou par courriel sécurisé (36 %), avaient facilité une consultation entre un patient sur place et un clinicien à distance (29 %) ou avaient fourni des services de télésurveillance à des patients sous leur responsabilité (33 %). La proportion d’infirmières qui accèdent aujourd’hui aux technologies de soins virtuels est beaucoup plus importante qu’il y a trois ans — elle se chiffrait entre 3 et 9 % en 2017. À mesure que les soins virtuels poursuivront leur expansion, il faudra veiller à former adéquatement le personnel infirmier afin qu’il puisse acquérir les compétences nécessaires à la prestation de soins virtuels.

L’augmentation du nombre d’infirmières qui utilisent uniquement des systèmes électroniques au travail et qui donnent des soins virtuels reflète le travail acharné mené par les associations professionnelles et leurs alliés afin d’intégrer l’usage des technologies dans la pratique infirmière. Il reste cependant du travail à faire pour éliminer les barrières — particulièrement le manque de connaissances et de compétences — qui empêchent les infirmières d’exploiter pleinement les technologies numériques.

Alors qu’une plus grande partie de nos soins sont donnés virtuellement, il importe plus que jamais d’aider les infirmières à faire un usage efficace des technologies. Pour avoir un aperçu des résultats du Sondage national des infirmières et infirmiers du Canada 2020, assistez à notre webinaire en français le 23 septembre.


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À propos de l'auteur
Waldo Beauséjour

Waldo Beauséjour

Waldo Beauséjour est titulaire d’une maîtrise en économie appliquée. Il est actuellement analyste senior au sein de l’équipe Analytique du rendement chez Inforoute Santé du Canada. Il compte plus de 10 années d’expérience dans les domaines de la recherche sociale appliquée et de recherche quantitative. Il a participé (comme responsable ou contributeur) à plusieurs sondages quantitatifs, recherches et travaux visant à évaluer les impacts sur les résultats de santé d’interventions lancées ou financées par le gouvernement.