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Les télésoins à domicile : très appréciés par les patients et très bénéfiques pour le réseau de la santé

Par Simon Hagens, Krista Balenko et Jennifer Conn

Depuis une dizaine d'années, Inforoute investit dans des projets de télésoins à domicile (TSD, aussi appelés « télésurveillance des patients », ou TSP), qui permettent aux patients de recevoir des services médicaux dans le confort de leur foyer.

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Le concept est simple : un professionnel de la santé (habituellement une infirmière ou un ambulancier) dispose d'un accès électronique aux renseignements du patient, qu’il peut examiner et interpréter afin d’aider celui-ci à mieux gérer ses soins par lui-même. Des projets semblables existent dans la plupart des régions du pays, et quelque 31 500 Canadiens en ont profité depuis 2010. Nous vous invitons à lire un article publié précédemment sur notre blogue pour obtenir plus d'information à ce sujet ou voir des vidéos qui portent sur les TSD.

Des rapports d’évaluation publiés dernièrement sur six projets de TDS menés dans cinq provinces (Ontario, Colombie-Britannique, Terre-Neuve-et-Labrador, Île-du-Prince-Édouard et Québec) dans le cadre du programme de télésoins à domicile d'Inforoute font état de résultats impressionnants. Chaque projet s'adressait à des patients atteints d’insuffisance cardiaque chronique (ICC) ou de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) et considérés comme de grands utilisateurs des services de santé. Voici quelques chiffres qui illustrent les changements positifs perçus par les patients :

  • 92 % trouvaient que les outils de santé numériques étaient faciles d'emploi
  • 91 % se disaient mieux informés au sujet de leur maladie chronique
  • 91 % se sentaient plus aptes à prendre en charge leurs problèmes de santé grâce à ce service
  • 87 % avaient constaté une amélioration de leur qualité de vie

Ces résultats confirment que les TSD donnent aux patients plus d'emprise sur leur santé et améliorent l'autogestion des soins et la qualité de vie des patients. Or, ces avantages justifient-ils le coût des projets? Comment pouvons-nous évaluer le rendement du capital investi (RCI) dans ce domaine? Nous avons examiné en détail les retombées financières mises en évidence dans les six rapports afin de mieux comprendre les impacts qu'ont eus nos investissements dans le réseau de la santé et déterminer s'ils en valaient la peine. Selon notre analyse, le RCI s'élèverait à 400 %, c'est-à-dire que pour chaque dollar investi dans les projets de TDS, le réseau de la santé a retiré une valeur de 4 $.

Lisez les rapports sur les six projets menés dans cinq provinces.

Regardons d'abord du côté des coûts : pour l'ensemble des fonds qui ont été consacrés à la mise sur pied et au fonctionnement des projets pour les 31 500 Canadiens qui en ont profité jusqu'à maintenant, le coût par personne revient à 1 556 $. Maintenant que l'infrastructure de base est en place, les coûts supplémentaires engagés pour les nouveaux patients seront bien moindres, mais pour les besoins de cette analyse, nous avons utilisé les coûts totaux réels à ce jour.

Alors que les rapports d’évaluation de ces projets s'attardent à un éventail de facteurs tels que la satisfaction et la qualité de vie, nous nous sommes intéressés à ce qui est le plus coûteux, soit le recours aux soins d'urgence et les hospitalisations. Dans tous les projets, des améliorations notables ont été observées : une réduction de 35 à 63 % du taux d'utilisation des soins d'urgence et une baisse de 44 à 85 % du nombre d'hospitalisations. Ces effets sont particulièrement opportuns pour bon nombre de services de santé au pays, pour lesquels les capacités en soins de courte durée atteignent un seuil critique.

Par ailleurs, nous avons examiné quels étaient la fréquence et le coût du recours aux soins d'urgence et des hospitalisations pour ces patients avant qu'ils participent à un projet de TDS. Pour les 1 652 patients compris dans les six ensembles de données examinés, le nombre moyen de visites à l’urgence était de 2,93 par année et le nombre d'hospitalisations, de 1,33, à raison de 9,57 jours par année. Après avoir appliqué les coûts calculés par l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), c'est-à-dire 137 $ par visite à l’urgence[1] et 1 102 $ par journée d'hospitalisation[2], nous en sommes arrivés à un coût total de 10 951 $ par patient pour les visites à l’urgence et les hospitalisations dans l'année précédant la participation au projet.

Durant et après ces projets, l'utilisation des soins d'urgence a enregistré une baisse équivalant à 1,46 visite par année, et la durée des hospitalisations a diminué de 6,07 jours par année en moyenne. En conséquence, les coûts par patient sont passés de 10 951 $ à 4 058 $, soit une réduction de 6 893 $ par patient dans la première année seulement.

Enfin, pour calculer le RCI, nous avons comparé les 6 893 $ en coûts évités aux investissements de 1 556 $ par patient, ce qui donne un rendement de plus de 400 %! L'argent investi génère donc une valeur quatre fois supérieure pour les services de santé.

Si nous regardons les retombées dans le réseau de la santé pour les 31 500 patients servis depuis 2010, nous parlons de 217 millions de dollars en coûts évités pour des investissements de 49 millions de dollars, ce qui représente une valeur nette de 168 millions de dollars. Cela équivaut à près de 46 000 visites à l’urgence et 27 000 hospitalisations évitées.

Le moment est bien choisi pour faire prendre de l'expansion à ce type de service : les coûts par patient continuent de diminuer grâce aux économies d'échelle, les technologies sont de plus en plus abordables, et l'infrastructure existante peut être exploitée pour offrir des TSD à plus grand volume de patients. Voici quelques-uns des services de TSD actuellement offerts; vérifiez s'ils sont accessibles dans votre localité, sinon, informez-vous auprès de votre médecin ou de la régie de la santé de votre région.

Limites et hypothèses

Nous avons supposé que les résultats associés aux 1 652 patients compris dans les six rapports d’évaluation reflétaient les impacts possibles à la grandeur du Canada. Les conclusions d'une récente analyse documentaire sont venues conforter notre hypothèse. Il y avait cependant des différences dans la manière dont les services de TSD ont été déployés, selon la description qu'en font ces rapports. En outre, comme la durée pendant laquelle les mesures ont été prises avant, pendant et après l'intervention variait d'un projet à un autre, nous avons calculé pour chacun les taux annualisés de visites à l'urgence et d'hospitalisations au cours de la phase qui a précédé l'intervention, de même que durant et après celle-ci. Nous avons fait la moyenne des résultats pour chacun des six projets, au lieu de les pondérer de façon égale pour les 1 652 patients, approche qui a donné des résultats plus prudents. Bien que de nouvelles données tendent à montrer que les effets positifs des TDS se font sentir au-delà de la première année, nous avons préféré rester prudents et n'inclure que la valeur générée dans la première année. Enfin, les visites à l'urgence et les hospitalisations qui sont évitées ne se traduisent pas par des économies d'argent; elles permettent plutôt de libérer des capacités dont les services de santé ont bien besoin.


[1] Institut canadien d'information sur la santé, onglet Accéder aux données et aux rapports.

[2] Idem.


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À propos des auteurs
Simon Hagens

Simon Hagens

Simon Hagens dirige l’analytique du rendement chez Inforoute Santé du Canada; à ce titre, il procure à l’organisation et à ses partenaires les données nécessaires à l’optimisation de la santé numérique et à l’exécution de ses activités au profit des Canadiens et du réseau de la santé du pays.

Krista Balenko

Krista Balenko

Krista Balenko prône avec enthousiasme l’utilisation des solutions de santé numériques pour améliorer l’accessibilité des soins partout au Canada. Directrice principale de l’Exécution des programmes de soins virtuels, elle a exercé diverses fonctions en gestion du changement et en gestion de projets à l’échelle régionale et nationale depuis son arrivée chez Inforoute, il y a 18 ans.

Jennifer Conn

Jennifer Conn

Jennifer Conn exerce actuellement les fonctions de spécialiste principale de l’approvisionnement chez Inforoute Santé du Canada, après y avoir occupé diverses fonctions durant les 14 dernières années. Tout récemment, elle travaillait avec l’équipe des Services d’évaluation, où elle apportait son soutien aux projets de télésoins à domicile des provinces et des territoires et communiquait d’importants résultats de recherche.